La dégradation de la pellicule est un facteur non négligeable de la perte des films. Mais l'amnésie fait de plus grands ravages. Il est des superstars d'hier dont le nom n'évoque plus grand chose à qui que ce soit de nos jours.
En 1997 dans L.A. Confidential de Curtis Hanson, Kim Basinger jouait le rôle d'une prostitué sosie de Veronica Lake pour émoustiller ses clients, fan de la star. Une référence éloignée, hommage à la popularité d'alors d'une des stars Paramount les plus connues des années 40, aujourd'hui presque totalement tombée dans l'oubli.

Veronica Lake était petite (1m51), avait un sourire en coin chargé d'arrière-pensées, mais disons le tout de suite, comme plus récemment Jennifer Aniston à ses débuts, une grand partie de sa popularité était due à sa coiffure.
Sa "Peek-a-boo bang" (Traduisez: mèche 'coucou qui est là?') qui lui masquait souvent l’œil droit, à tel point que les publicistes faisait courir le bruit qu'elle n'avait qu'un œil, était sa marque de fabrique.
Son premier rôle important fut dans L'escadrille des jeunes. Puis elle tourna le chef d’œuvre de Preston Surges Les voyages de Sullivan. Et dès 1942, elle partage le haut de l'affiche dans Tueur à gages avec l'homme qui va devenir son partenaire attitré dans plusieurs films : Alan Ladd.
Dès cette époque, elle devient l'une des plus grandes stars du monde et fait régulièrement la couverture des magazines. Comme on pouvait s'y attendre, elle lance également la mode avec sa coiffure. Dans le film Uniformes et Jupon court avec Ginger Rogers, elle n'apparait pas en personne mais cette courte scène rend bien l'impression que sa coiffure avait fait sur les jeunes filles d'alors.
Ce qui est bon pour les fans, fonctionne tout aussi bien pour les stars: ainsi certaines, telle Lizabeth Scott, décidèrent de copier son style pour se tailler une part du gâteau. Chez nous aussi, la mode eut son petit effet. Difficile en effet de voir Madeleine Sologne à l'époque sans lui trouver un gros air de ressemblance avec Veronica.
On la retrouvera avec Alan Ladd dans le remake La clé de Verre. Puis Veronica tourne un de ses films les plus connus, réalisé par le français René Clair: Ma femme est une sorcière. Ce film capitalise sur l'aura mystérieux de sa star, et il présente l'avantage non négligeable de montrer qu'elle peut être une véritable actrice, une occasion qui lui a rarement été donnée. Cette histoire de sorcière blonde sexy qui tombe amoureux d'un mortel au grand désarroi de son père est bien sûr l'inspiration principale de la série Ma Sorcière Bien Aimée.

La perte de sa marque de fabrique, ajoutée à ses déboires financiers et sentimentaux, ainsi qu'à sa mauvaise réputation sur les plateaux (il semblerait que l'alcool ne lui réussisse pas trop) lui font perdre sa popularité, et par la même son contrat chez Paramount.
Elle tourne de moins en moins et disparaît corps et biens de la scène publique à l'aube des années 50. Si aujourd'hui, certains fans se rappellent d'elle et de ses films grâce à la vidéo, en 1960, tout le monde l'a oublié et elle finit serveuse dans un bar. La voici alors devant les grilles de son ancien studio:
Après deux films à petit budget amenés par un regain d'intérêt suite à quelques articles de presse, elle meurt d'une hépatite.
Mais son influence reste vive de nos jours et nombre de mannequins essayent d'imiter ses célèbres cheveux. Les filles, si vous voulez essayer, suivez les conseils des experts.
Un dernier détail intéressant : en français, Veronica était doublée par Gaby Wagner, qui doubla également Féline dans Bambi de Walt Disney.
Je vous laisse avec ma scène favorite de Tueur à gages où Veronica apparait (littéralement) dans un concept original: un numéro de prestidigitation chanté. Elle y est doublée par la talentueuse Martha Mears. Peut être est-ce ce rôle qui lui a fait décrocher celui de la sorcière. En tout cas, Veronica Lake gardera toujours quelque chose de magique pour moi.
C'est tout pour aujourd'hui les amis! A bientôt!
2 commentaires:
Merci de vous souvenir de Miss Lake. Comme vous, j'aime beaucoup cette actrice, j'ai d'ailleurs composé une petite nouvelle en son hommage. Vous pouvez aller la consulter sur benoitpatris.fr ("Je suis ami avec Veronica Lake").
Bien à vous,
B.
Le ton de la nouvelle lui convient bien ! Quelle chance de pouvoir lui parler quand bon vous semble. Merci à vous.
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