mercredi 16 décembre 2020

La nuit de la Saint Jean [Robert Saidreau - Chapitre 10]

Pour lire le précédent chapitre de cet essai sur l’œuvre du réalisateur Robert Saidreau, cliquez ici.

Après avoir tourné Blanchette en temps qu'acteur sous la direction de René Hervil, Robert Saidreau, qui y fait là sa dernière apparition à l'écran, se lance dans la réalisation de La nuit de la Saint-Jean. C'est encore Robert Francheville qui en fournir l'histoire, après avoir fourni celle de L'étrange aventure du Docteur Works, le film précédent de Saidreau. Après l'horreur, voici donc un mélodrame. Le cabaretier Etchebat vit au pays basque avec sa fille. Il se marie en secondes noces avec une danseuse et sa jalousie maladive lui fera commettre l'irréparable.

Scène de la Saint-Jean

Le tournage

Comœdia annonce le 18 mai 1921 le départ prochain de l'équipe de tournage au pays basque avec, comme opérateur, "Arnoux" (en fait, Maurice Arnou). Pourtant, en juin et début juillet, le réalisateur est bel et bien à Paris, qui assiste à un déjeuner en l'honneur de l'actrice américaine Pearl White le 14 juin, et à l'opérette La galante épreuve le 23 juin, ainsi qu'à Asmodée le 8 juillet. Comœdia précise le 9 juillet que des extérieurs seront tournées à Boulogne-sur-mer, puis à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Les acteurs

Jean Dax

Les acteurs principaux du film sont Jean Dax et Maria Rousslana-Doubassoff
Jean Dax ajoute à l'assurance de succès du film : il a enchaîné plusieurs films dont il est la vedette dont l'adaptation du roman de Zola : L'assommoir. Avec lui, Saidreau accède de plus en plus à des acteurs côtés. Quant à Maria Rousslana-Doubassoff, il s'agit là de leur deuxième et dernière collaboration. Après 3 films, celle-ci, si on en croit la revue Le film, se retire ensuite avec pour projet d'ouvrir une maison de couture. On trouve également dans la distribution Hélène Darly qui tournera ensuite avec Ivan Mosjoukine dans La maison du mystère. On mentionne aussi dans la distribution une demoiselle "Ray", peut-être Paulette Ray, qui fera bientôt la couverture des magazines de cinéma comme Mon Ciné du 4 mai 1922 où elle évoquera tous ses films, dont Maman Pierre, également tourné au pays Basque, comme par hasard, mais pas Saint-Jean. Mais c'est de toute façon un autre second rôle qui capte toute l'attention de la presse.
L'actrice Geneviève Félix, Madame Henri Kéroul avec le père Baptiste
Lors du tournage de Blanchette de René Hervil, Saidreau rencontre le père Baptiste, un ancien marin à qui Hervil a donné le rôle du cantonnier Bonnenfant. Il est apparemment charmé par son interprétation naturelle et lui offre le rôle du sorcier dans sa prochaine réalisation : La nuit de la Saint Jean. Cet acteur insolite fait même l'objet d'un article de 3 pages par René Jeanne, photos à l'appui dans Cinémagazine du 23 septembre 1921. Saidreau retrouve également Mirabel qui jouait l'antiquaire dans La paix chez soi.
Presque 20 ans plus tard, c'est pourtant un tout autre acteur, même pas mentionné à l'époque, qui attirait l'attention sur cette production alors oubliée.
Jean Kolb dans Le petit Parisien du 18 août 1939 nous révèle que après avoir testé sans succès car Hervil le trouvait trop distingué pour le rôle d'Auguste Morillon dans Blanchette (finalement joué par Léon Mathot), Charles Boyer se vit offrir un rôle de basque dans La nuit de la Saint Jean qui tourna donc là son premier film !

La sortie

Hélène Darly, Mirabel, Baptiste, Maria Rousslana et Jean Dax

Comœdia annonce tout d'abord la présentation prochaine le 2 décembre 1921 puis la sortie du film le 10 mars 1922 pour le 14 mars au Maillot Palace.
Mais Ciné-Journal ne l'entend pas de cette oreille : on peut y lire le 14 janvier qu'Union-éclair présentera La Nuit de la St Jean au Palais de la Mutualité le lundi 16 janvier 1922. C'est le 11 février qu'on y annonce une édition le 3 mars.
Cinéa, dans ses programmes, liste bel et bien le film dès le 3 mars dans les salles, ce qu'ignore superbement Cinémagazine.
René Jeanne dans Le petit Parisien du 3 mars 1922 critique : "de cette histoire toute simple, il a su non sans art extraire toute l'émotion qu'elle contenait." Cinéa est plus modéré : "Des idées, des tentatives, un peu trop de souvenirs, involontaires sans doute, de films illustres."
Comœdia annonce le 28 mai 1926 la réédition du film pour le samedi 5 juin, une faveur attribuée uniquement aux films ayant eu assez de succès lors de la première sortie pour être susceptibles d'être de nouveau rentables.

Pour lire le chapitre suivant sur l’œuvre du réalisateur Robert Saidreau, cliquez ici.

Cliquez "j'aime" sur la page Facebook si vous aimez mon blog.
C'est tout pour aujourd'hui les amis ! A bientôt !