lundi 13 juin 2011

Les Horizons Perdus


En voilà un titre qui se confond avec celui de ma prose! Bienvenue à Shangri-la! Un nom qui doit vous rappeler quelque chose. Si vous ne vous rappelez pas d'où, hé bien voici la réponse. Shangri-la est un endroit imaginé par James Hilton, auteur génial d'un roman magnifique que j'ai lu lors d'un exil en Guyane. L'isolement des personnages du roman était celui que j'ai connu à l'arrivée de ce département pour moi inconnu. Fort heureusement l'adaptation cinématographique de cette histoire envoutante a été confiée à un des meilleurs réalisateurs de Hollywood.

L'ironie du sort est qu'un film sur la légende de la fontaine de jouvence ait connu autant de vicissitudes et qu'il ait fallu lutter autant pour qu'une version encore incomplète nous soit aujourd'hui présentée. Néanmoins, une technique de restauration spéciale a été utilisée sur ce film, et c'est là ce que j'aimerais discuter.


Frank Capra explique dans sa passionnante autobiographie qu'il a commencé à s'épanouir dans son travail à partir du moment où il a mis en scène des films dont le message lui parlait personnellement, au lieu des œuvres de commande pour la Columbia (qui avait du succès tout de même, cet homme avait du talent!).

Et Horizons Perdus fait parti de cette deuxième partie de sa carrière qui exalte la bonté humaine quitte à tomber dans la mièvrerie et l'optimisme qu'on a souvent reproché à Capra mais qui sont la base de ses plus grands succès comme Monsieur Smith au Sénat, La vie est belle (un classique de Noël aux USA), etc.

Horizons perdus était à l'origine une super production de trois heures environ. Crash d'avion, avalanche, décors somptueux sont au programme. Capra raconte qu'il a dû couper "l'habillage" du film (les deux premières bobines suite à une avant-première désastreuse à Santa Barbara): une sorte de cadre qui transformerait le gros du film en flash-back. La plupart des séquences coupées à cette occasion aurait été détruites par le réalisateur lui même. Il n'y aurait donc aucune chance de les retrouver un jour. Cependant on peut considérer cela comme une étape du montage avant la sortie de la version finale.

Mais les ressorties successives ont fait passer le film de 132 minutes à 118, puis 95. Dans les années 70, le constat est amer: non seulement le négatif est perdu (par détérioration), mais les copies en circulation sont toutes amputées de plusieurs scènes. En cherchant à travers le monde, les éléments rassemblés n'ont permis de trouver qu'une bande son complète, mais pas toutes les images. Certaines scènes n'étaient disponibles que dans une qualité inférieure et la différence se voit, mais d'autres n'ont tout simplement pas survécu.

Les restaurateurs ont alors fait un choix courageux et honorable: Garder la totalité du film et remplacer les portions d'image manquantes par des photos (de tournage ou publicitaires) et le résultat est bluffant. Le fait que le film est en noir et blanc rend la technique moins visible que dans Une étoile est née même si j'apprécie énormément le travail sur ce film également.

Assez parlé technique. De ce film, outre l'histoire et la brillante mise en scène, je vous invite à retenir la musique de Dimitri Tiomkin, disponible en CD (une aubaine: on aurait pensé qu'à l'image du film, la bande originale aurait été perdue). Quant à l'interprétation, Ronald Colman mène le bal. Cette star des années 30 a brillé dans la version de 1937 de Le prisonnier de Zenda (la meilleure et pourtant la compétition est difficile). Il règne sur des seconds rôles incroyables. Tout d'abord Thomas Mitchell, le père de Scarlett dans Autant en emporte le vent, en escroc au bon cœur, et surtout Edward Everett Horton, le second rôle éternel des comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers. Horton a un style inimitable que vous ne pourrez jamais oublier.

Pour l'anecdote, Capra raconte qu'il avait choisi un vieil acteur de théâtre pour jouer le Grand Lama et qu'en lui annonçant que ses tests étaient concluants et qu'il était retenu pour le rôle, il mourut.

Un remake musical est sorti en 1973, crucifié par les critiques dès la sortie.

A la vue de Horizons perdus, je ne sais si je dois vous souhaiter de trouver les scènes manquantes dans votre grenier ou tout simplement de trouver Shangri-la.
Il est impensable qu'une bonne partie du discours si actuel (ou éternel) du Grand Lama avait été coupée au montage. Achetez la version restaurée en DVD si vous voulez l'écouter et la toute récente version Blu-ray où des images de la séquence retrouvées ont été restaurées, je vous laisse sur ces mots.
Considérez le monde aujourd'hui. N'y a-t-il rien qui inspire plus de pitié? Quelle folie! Quel aveuglement! Quels stupides dirigeants! Une masse pressée d'humains désemparés qui foncent les uns dans les autres, animés par une orgie de brutalité et de cupidité. Un jour mon ami, cette orgie passera. Alors la force brutale et la soif de pouvoir périra d'elle-même. Voilà la raison de ma présence et de la votre. Car quand ce jour viendra, le monde cherchera une nouvelle vie. Et nous espérons qu'il la trouvera ici. Nous les attendrons avec leurs livres, leur musique et une façon de vivre basée sur une règle simple: Soyez bons!

C'est tout pour aujourd'hui les amis! A bientôt!

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