Tout d'abord, la distribution. Même si Hitchcock s'est plaint de l'attitude de Jane Wyman sur le tournage, elle parait faite pour le rôle. Le principal problème était que l'actrice n'arrivait pas à assumer la différence de traitement à l'image entre elle et le personnage de Dietrich que le script imposait. Ainsi elle essayait d'améliorer son apparence autant qu'elle pouvait. En tout cas, sans vouloir être désobligeant envers elle, mais elle pourrait s'asseoir sur un trône dans une robe de lamé en or qu'elle aurait toujours l'air aussi fade que possible comparée à Marlene Dietrich en haillon! Bref, bon casting pour l'instant...
Le charme de son soupirant ne me saute pas aux yeux mais Michael Wilding allait bientôt devenir le mari d'Elizabeth Taylor! Même si je ne le trouve pas à tomber, c'est un acteur très compétent et vous pouvez admirer son talent dans L'Égyptien que j'ai chroniqué précédemment et dans une autre rareté de Hitchcock: Les amants du Capricorne.
Richard Todd, là d'accord! Je comprends pourquoi elle est censée être initialement attiré par lui! Il est aussi apparu dans Robin des Bois et ses joyeux compagnons de Disney dans le rôle titre (et dans des collants) et dans le rôle de Fersen dans Marie Antoinette, Reine de France. Mais son talent et sa belle gueule ne font pas oublier que son personnage a été développé comme un faible. Et les films d'Hitchcock où le faux coupable s'avère finalement coupable ne sont pas parmi ses meilleurs. Oups! 'Fallait p'têt pas le dire, ça. Bon ben tant pis.
On a aussi plusieurs seconds rôles jouissifs parmi lesquels le père d’Ève Alastair Sim (Scrooge) dont l'interaction avec sa mère est franchement drôle. Et encore mieux, Joyce Grenfell et son inoubliable visage dans le rôle de la stridente animatrice de tir aux canards (sa voix est celle de Marie Francey, la sorcière de Blanche Neige). Faites attention et vous verrez aussi Patricia Hitchcock, la fille du réalisateur, dans le petit rôle de "Chubby" ("Rondelette"). Elle assure même le premier plan du film en tant que doublure de la vedette au volant de la voiture !
Cependant, le film ne serait que l'ombre de lui-même sans la divine Marlene Dietrich. Le film, c'est elle. Et c'est là sa seule collaboration avec le réalisateur.
Hitchcock fait partie de ses gens qui ne peut cacher ses sentiments envers une personne, pas même à l'écran. Et Marlene Dietrich, même si elle apparaît moins à l'écran que Jane Wyman, a de toute évidence inspiré le réalisateur à un niveau que Wyman n’atteint pas. Son entrée seule est magnifique. Même si nous l'avons déjà vu dans le fameux flashback, on semble la découvrir dans sa deuxième scène, en même temps que Jane Wyman qui rentre dans la pièce, manifestement anxieuse. La caméra devient alors son point de vue mobile, alors que la musique monte d'un octave, et s'approche lentement de Marlene vêtue entièrement de noir, entourée d'habilleuses, testant des voiles de deuil devant son miroir. L'image vous poursuit tout le long du film. Si ça n'est pas une star, expliquez moi ce que c'est!


Et bien sûr la version complète de la chanson de Cole Porter "The Laziest Gal In Town", sortie de l'oubli pour l'occasion (Je m'étonne que Laurent Bouzereau laisse Richard Franklin parler de "chanson originale" dans le documentaire du DVD). C'est le clou du film, mais il a été partiellement coupé (censuré à la demande du censeur Joseph Breen parce que Marlene lançait sa jambe en l'air de façon un peu trop suggestive). Ainsi, un plan d'ensemble la montrant qui se déplace à la gauche de la scène a été substitué pour couvrir la coupure.
Pour la version française, les doubleurs ont apparemment dû travailler avec une sorte de version temporaire et l'une des différences avec la version finale américaine est cette séquence (malgré cela d'autres scènes sont plus courtes dans la version française comme celle où Ève se déguise en femme de chambre). Voici la chanson complète:
J'ai été très surpris qu'elle ne soit pas dans l'édition DVD mais je suppose que la qualité disponible ne suffisait pas.
Une autre scène coupée présente dans la version française est une scène de dialogue entre Nellie et les piliers de comptoir tandis qu’Ève et Smith les écoutent. La femme de chambre se fait mettre en garde. J'ai laissé les plans de début et de fin (gardés dans la métrage final) en anglais pour montrer à quels endroits se situent les coupes.
Et enfin dans les dernières minutes du film, la musique a été changée. La scène de la traque avait de la musique, éliminée dans la version finale mais présente dans la version française et la musique de fin est plus courte dans la version finale. Voici la séquence originale (Attention, c'est la fin du film!):
Il semblerait que le film ait été distribué en Belgique sous les deux titres. Le grand alibi et "Le Trac" (la traduction du titre anglais "Stage Fright") comme l'atteste cette affiche:
Mais le générique ne retient que le premier titre. Le voilà en bonus. Vous remarquerez que Marlene Dietrich est doublée par Lita Récio, déjà évoquée dans cette publication.
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