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Quel réalisateur ?
Dans le film du 20 juin 1919, une publicité corporative de Delac & Vandal
qui ont produit le film (donc Le Film d'Art) identifie le
film comme "premier film d'une série interprétée par Boucot". Mais rien
n'identifie un réalisateur plutôt qu'un autre.
Ce n'est
qu'en mai 1920 que "M. Candé" [Adolphe Candé] est identifié comme le
réalisateur. À cette date, le film n'est pas encore présenté, et encore
moins sorti. On se demande pourquoi il aura fallut un an pour faire un
petit court-métrage.
Le magazine Les sites modernes qui mentionne une participation de Jane Marken au film le déclare également réalisé par Adolphe Candé.
Ciné Pour Tous
annonce le 15 août 1919 que c'est là "le premier film de la série que
tourne Boucot" et le 24 janvier 1920, que "M. Saidreau a tourné pour le
Film d'Art avec Boucot et Louise Lagrange La folle nuit de Théodore.
On verra que cette publication est à prendre avec prudence car elle
soulève beaucoup de questions, étant en contradiction potentielle avec
ce qu'on trouve ailleurs. Soit l'auteur confond le film avec le prochain
de Boucot (ce qui n'explique pas tout), soit l'affirmation est vraie et
la genèse du film a dû être compliquée.
La Cinématographie Française identifie pourtant La première Idylle de Boucot le 31
juillet comme le début d'une série potentielle, et non comme un second
épisode. Incidemment, le périodique confirme que Louise Lagrange joue
dans ce film (également ?).
Il ne s'agit pourtant pas du même film. La sortie distincte des deux films est attestée.
Ainsi, deux faits sont troublants :
- La folle nuit de Théodore est annoncé une fois le tournage terminé comme étant réalisé par Saidreau, puis par Candé.
- Les
deux films successifs avec Boucot où il joue un personnage différent
sont présentés en même temps comme les premiers d'une série, or aucun des deux ne semble avoir relancé la carrière du comique d'avant-guerre (il était Babylas et Pénard dans des séries de farces) qui ne tournera ensuite plus pendant 10 ans.
Mauvaises critiques
Le
22 mai 1920, La Cinématographie Française nous précise qu'il fait 415
mètres, qu'il est distribué par l'Agence Générale Cinématographique, que
Mme Marken y a joué le rôle de l'ouvreuse, indigne de son talent, qu'il
est bien mis en scène et bien interprété, mais que le scénario de M. G.
Arnould et Bousquet est affligeant. "Dire qu'il se sont mis à deux pour
signer ce scénario !"
Ciné-Club
nous apprend que le vaudeville est projeté au Lecourbe dans le XVe
arrondissement le 18 juin 1920 et à l'Alhambra de Billancourt le 24
septembre 1920. On peut y lire quelques lignes qui descendent le film en
flèche en l'appelant "un comique fort triste", s'étonnant "jamais on
n'a vu aucun public rire devant une scène d'ivrogne."
On trouve tout de même des projections du film jusqu'au mercredi 21 février 1923 dans le Finistère !
L'histoire
Le 29 mai 1920, on commente la sortie de La folle nuit de Théodore
par L'Agence Générale Cinématographique : Théodore, "doux et obstiné
poivrot", est jeté à la rue par son père, ulcéré par son oisiveté. Le
héro confus, pensant établir domicile à l'hôtel
Edouard VII, rentre en fait dans le théâtre du même nom, où on lui concède une baignoire pour lui faire plaisir. Une histoire qui, en effet, ne se prête guère à un titre de "première Idylle".
Au
final, il n'est pas clair si Saidreau a effectivement pris part à la
réalisation du film ou non ou si le doute n'est dû qu'au manque de rigueur d'un journaliste. En tout cas, ce n'est pas lui qui l'a signé.
On remarque que c'est à cette époque que Saidreau est passé du Film
d'Art à Eclipse (où il réalise aussi les Chalumeau). Candé, qui est plus souvent acteur que réalisateur et n'est semble-t-il plus jamais passé derrière la caméra après cela, pourrait être un prête-nom suite au départ de Saidreau de sa maison de production.
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