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Courteline
Il s'agit là d'une adaptation
de la pièce en un acte de Courteline à propos d'un écrivain qui décide de procéder à des coupes dans l'argent du ménage qu'il donne à sa femme chaque fois qu'il considère qu'elle l'a ennuyé.
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Jacques de Féraudy & Andrée Féranne
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Le tournage est annoncé dès le 10/07/1920 dans
Comœdia, et dès le 24 juillet, on rapporte des anecdotes de tournage
(attestant donc le début effectif). Saidreau est alors présenté comme
"l'excellent metteur en scène d'Eclipse".
"Ciné-Journal", un peu en retard, se demande à cette même date si Signoret va reprendre son rôle des planches.
Ce sont les obsèques de Suzanne Grandais, grande vedette française, auxquelles assiste Robert Saidreau peu après le tournage qui permettent à Comœdia de la dater peu avant le 02/09/1920.
Les acteurs
Sa
partenaire Andrée Féranne, active sur les planches ("Le médecin de
service" en 1913, "English School" en 1914), sortait tout juste des
Variétés dans "Un homme en habit". Elle ne sera guère assidue devant la
caméra et se cantonnera au théâtre, où elle rencontre un beau succès.
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Andrée Féranne
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Avec ce film, il semblerait que Saidreau fasse connaissance de sa
mascotte. En effet, une dame âgée se faisant appeler Mirabel (ou
Mirabelle) s'est présentée à lui durant le tournage pour solliciter un
engagement dans son film afin d'y chanter, se targuant de posséder une
jolie voix, ce qu'elle démontra sur le champ.
Amusée par la
naïveté de sa visiteuse (ou peut-être par son côté visionnaire) qui
semblait ignorer l'essence même du cinéma de l'époque, il l'engagea à
tourner le rôle d'une antiquaire, raconta l'anecdote dans plusieurs
interviews, et mit un point d'honneur à lui assurer une apparition dans
tous ses films à l'avenir.
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Jacques de Féraudy & Andrée Féranne |
Un succès
"C'est un petit feu d'artifice réussi" nous dit Cinéa dès le 9 septembre 1921. Ciné
Pour Tous présente La paix chez soi parmi ses "films de la quinzaine"
le 31 décembre 1920. Jacques de Féraudy y est listé comme étant le
scénariste, en plus de la vedette. Il est alors projeté au Splendid Cinéma Palace avec Le lys brisé dès le 24 décembre, puis au Colisée avec Papa longues jambes.
Récemment décoré de la légion d'honneur (annoncée le 7 novembre) et
auréolé de la présentation du film au Max Linder (le 25 novembre),
Saidreau participe le 6 décembre au banquet donné en l'honneur de la
vedette Fatty, alors en visite en France quelques mois avant le scandale
qui brisera à jamais sa carrière.
Il semble que ce film soit un succès et fasse remarquer le réalisateur dans la profession.
De fait, Jean Morizot dans
Bonsoir du 26 décembre 1920, nous fait clairement comprendre qu'il
s'agit là de la première réalisation qui permet à Saidreau de percer :
"Un des premiers vrais films comiques parus en France. De nouveaux
acteurs. Une nouvelle mise en scène. Une nouvelle façon de jouer. Un
metteur en scène, Robert Saidreau, plein d'idées nouvelles et
d'heureuses initiatives. Tout ce qu'il faut pour réussir.