dimanche 26 juin 2011

The Mountain Eagle

Pour changer, on va essayer d'être un peu pro-actif aujourd'hui. Tous ces films perdus, on peut les retrouver un jour, mais on a surtout bien plus de chances de perdre ceux qu'on a encore aujourd'hui. Pour éviter que les films muets d'Alfred Hitchcock ne connaissent le même sort que son deuxième film (perdu peut être à jamais), le British Film Institute lance un important programme de restauration et vous pouvez aider par une donation sur leur site. Le résultat: les films seront présentés en 2012 complètement restaurés et avec une nouvelle partition enregistrée spécialement pour l'occasion.

Et maintenant, à propos de ce deuxième film. Il faut savoir qu'on ne devient pas le Maître du Suspense du jour au lendemain. Comme pour beaucoup, ses débuts ont été progressifs. Il a commencé comme dessinateurs de cartons d'intertitres, puis a cumulé les postes au fur et à mesure des films comme décorateur, scénariste, assistant, etc. Une accumulation qui lui a permis d'accéder au poste de réalisateur en maîtrisant toute la chaîne de production. C'est sur The Pleasure Garden que commence sa carrière. Le film n'aura pas le goût de plaire au distributeur qui préfère ne pas le sortir.

Hitchcock part dans les montagnes du Tyrol tourner un deuxième mélodrame intitulé The Mountain Eagle. Les péripéties du tournage racontées dans le livre de Spoto et plus récemment dans celui de Patrick McGilligan semblent plus passionnantes que l'intrigue du film dont on peut avoir un synopsis et le set complet des photos existantes dans le livre de Dan Auiler: Les cahiers d'Alfred Hitchcock. Ce livre est d'ailleurs à ce jour la meilleure source sur ce film disparu.

Rapidement conté, le film dépeint l'histoire de John Fulton surnommé Fear O' God et Pettigrew qui se détestent. Le fils de Pettigrew disparait après avoir causé une méprise avec l'institutrice Beatrice (Nita Naldi). Pettigrew croit les deux amants et tente de faire chasser Beatrice qui se réfugie chez Fulton. Pettigrew fait jeter Fulton en prison pour le meurtre supposé de son fils. etc.

Il est amusant de noter que les rares critiques retrouvées de l'époque soulignent la qualité directoriale mais dénoncent les invraisemblances du récit, un défaut souvent reproché aux scénarios d'Hitchcock.

En tout cas, il semble que le même distributeur (C.M. Woolf) se soit opposé à la sortie de ce film aussi. Et il en aurait été de même pour son troisième film (qui aurait alors probablement été le dernier) sans l'aide d'Ivor Montague qui, voyant le potentiel du film, effectua un remontage. The Lodger (Les Cheveux d'Or) eut alors un succès énorme et fut généralement considéré comme Hitchcock comme son premier vrai film. A l'époque, il permit aussi de sortir du placard ses deux précédents métrages. Mais si The Pleasure Garden est parvenu jusqu'à nous, et on a même retrouvé une copie teintée relativement récemment, aucune copie de The Mountain Eagle n'est connue à ce jour. Cherchez dans vos greniers.

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dimanche 19 juin 2011

RKO, un géant effacé

 Qui aujourd'hui va voir un film en fonction de sa compagnie de production? La vedette peut être un facteur décisionnel, ou le réalisateur, ou tout simplement l'histoire.

Dans les années 30 et 40, On allait voir un film MGM, un film de la Fox... On pouvait compter sur une certaine qualité, une esthétique particulière, une unité dans la musique et les acteurs d'un film à l'autre, jusqu'aux salles où voir les films puisque les studios les possédaient. Pas d'internet pour suivre la filmographie d'un réalisateur, mais on pouvait être sûr de voir tous les films produits (et largement publicisés) par un studio donné.

Ces studios ne sont pas nécessairement ceux qui régissent le monde du cinéma aujourd'hui. Pas de Dreamworks, de Touchstone, Tristar, Sony, etc.
Certains existent toujours mais ont beaucoup perdu de leur superbe comme la MGM, certains ont gagné du prestige et de l'importance comme Universal et Columbia (autrefois presque considérés comme des studios du pauvre), et d'autres ont gardé leur statut comme 20th Century Fox, Paramount et Warner.





Mais l'un des studios les plus importants a disparu dans les années 50. Radio-Keith-Orpheum pictures ou RKO était une des "majors" à l'époque et a produit les comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers, des films géniaux d'Alfred Hitchcock comme Soupçons et Les Enchaînés, Citizen Kane, King Kong, Le démon s'éveille la nuit, La chose d'un autre monde, Les amants de la nuit, La vie est belle, La féline, etc.


Le producteur Howard Hughes a repris le studio en 1948 et l'amena à la banqueroute en moins de 10 ans. Aujourd'hui, une compagnie RKO existe et produit toujours (voici leur site web) mais elle n'est plus que l'ombre de ce qu'elle a été.








Pinocchio
Un des contrats les plus lucratifs de la RKO, était celui de distribution des films Walt Disney car celui-ci n'avait pas de chaîne de salles. Mais il a mobilisé ses artistes pour dessiner des logos spéciaux inspirés de celui officiel de la RKO. Ils étaient intégrés dans les génériques de début et de fin. Cela posa un gros problème quand Disney décida de créer sa propre compagnie de distribution dans les années 50 (Buena Vista). A la ressortie de ses anciens titres, on essaya alors d'effacer toutes traces de la RKO sur les copies.


Peter Pan




Générique Original (1937) de Blanche Neige

Générique de Blanche Neige (années 50)
 Cela implique souvent un remplacement de l'image par un logo Buena Vista, mais dans le cas de Blanche Neige, par exemple, la mention RKO était au milieu du générique de début et le décors original avait été perdu, ainsi un nouveau générique avait été refait. Celui là même que vous avez très probablement connu jusqu'à récemment.


Cendrillon
Ces changements sont encore d'actualité et ont été fait sur toutes les sorties vidéos. Cendrillon en VHS était tout simplement raccourci afin que le logo n'apparaisse pas et les premières notes de la chanson était également manquantes. Sur le DVD, la musique était de retour mais l'image était remplacée par le logo années 90 de Walt Disney Pictures.


Fantasia








La première édition DVD d'Alice au Pays des Merveilles présentait juste du noir sur les premières secondes du film.




Alice au Pays des Merveilles

Dumbo


Blanche Neige et les sept nains
Heureusement, le Blu-ray est arrivé et certaines de ces images ont été restaurées pour leur début en haute définition. Les logos originaux sont revenus sur Blanche Neige (ainsi que le générique complet), Pinocchio, Fantasia, Dumbo, et Alice au Pays des Merveilles. J'avais espoir que le studio en fasse une politique constante, espoir déçu lors de la sortie de Bambi qui affiche un logo Disney une fois de plus.


Bambi
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lundi 13 juin 2011

Les Horizons Perdus


En voilà un titre qui se confond avec celui de ma prose! Bienvenue à Shangri-la! Un nom qui doit vous rappeler quelque chose. Si vous ne vous rappelez pas d'où, hé bien voici la réponse. Shangri-la est un endroit imaginé par James Hilton, auteur génial d'un roman magnifique que j'ai lu lors d'un exil en Guyane. L'isolement des personnages du roman était celui que j'ai connu à l'arrivée de ce département pour moi inconnu. Fort heureusement l'adaptation cinématographique de cette histoire envoutante a été confiée à un des meilleurs réalisateurs de Hollywood.

L'ironie du sort est qu'un film sur la légende de la fontaine de jouvence ait connu autant de vicissitudes et qu'il ait fallu lutter autant pour qu'une version encore incomplète nous soit aujourd'hui présentée. Néanmoins, une technique de restauration spéciale a été utilisée sur ce film, et c'est là ce que j'aimerais discuter.


Frank Capra explique dans sa passionnante autobiographie qu'il a commencé à s'épanouir dans son travail à partir du moment où il a mis en scène des films dont le message lui parlait personnellement, au lieu des œuvres de commande pour la Columbia (qui avait du succès tout de même, cet homme avait du talent!).

Et Horizons Perdus fait parti de cette deuxième partie de sa carrière qui exalte la bonté humaine quitte à tomber dans la mièvrerie et l'optimisme qu'on a souvent reproché à Capra mais qui sont la base de ses plus grands succès comme Monsieur Smith au Sénat, La vie est belle (un classique de Noël aux USA), etc.

Horizons perdus était à l'origine une super production de trois heures environ. Crash d'avion, avalanche, décors somptueux sont au programme. Capra raconte qu'il a dû couper "l'habillage" du film (les deux premières bobines suite à une avant-première désastreuse à Santa Barbara): une sorte de cadre qui transformerait le gros du film en flash-back. La plupart des séquences coupées à cette occasion aurait été détruites par le réalisateur lui même. Il n'y aurait donc aucune chance de les retrouver un jour. Cependant on peut considérer cela comme une étape du montage avant la sortie de la version finale.

Mais les ressorties successives ont fait passer le film de 132 minutes à 118, puis 95. Dans les années 70, le constat est amer: non seulement le négatif est perdu (par détérioration), mais les copies en circulation sont toutes amputées de plusieurs scènes. En cherchant à travers le monde, les éléments rassemblés n'ont permis de trouver qu'une bande son complète, mais pas toutes les images. Certaines scènes n'étaient disponibles que dans une qualité inférieure et la différence se voit, mais d'autres n'ont tout simplement pas survécu.

Les restaurateurs ont alors fait un choix courageux et honorable: Garder la totalité du film et remplacer les portions d'image manquantes par des photos (de tournage ou publicitaires) et le résultat est bluffant. Le fait que le film est en noir et blanc rend la technique moins visible que dans Une étoile est née même si j'apprécie énormément le travail sur ce film également.

Assez parlé technique. De ce film, outre l'histoire et la brillante mise en scène, je vous invite à retenir la musique de Dimitri Tiomkin, disponible en CD (une aubaine: on aurait pensé qu'à l'image du film, la bande originale aurait été perdue). Quant à l'interprétation, Ronald Colman mène le bal. Cette star des années 30 a brillé dans la version de 1937 de Le prisonnier de Zenda (la meilleure et pourtant la compétition est difficile). Il règne sur des seconds rôles incroyables. Tout d'abord Thomas Mitchell, le père de Scarlett dans Autant en emporte le vent, en escroc au bon cœur, et surtout Edward Everett Horton, le second rôle éternel des comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers. Horton a un style inimitable que vous ne pourrez jamais oublier.

Pour l'anecdote, Capra raconte qu'il avait choisi un vieil acteur de théâtre pour jouer le Grand Lama et qu'en lui annonçant que ses tests étaient concluants et qu'il était retenu pour le rôle, il mourut.

Un remake musical est sorti en 1973, crucifié par les critiques dès la sortie.

A la vue de Horizons perdus, je ne sais si je dois vous souhaiter de trouver les scènes manquantes dans votre grenier ou tout simplement de trouver Shangri-la.
Il est impensable qu'une bonne partie du discours si actuel (ou éternel) du Grand Lama avait été coupée au montage. Achetez la version restaurée en DVD si vous voulez l'écouter et la toute récente version Blu-ray où des images de la séquence retrouvées ont été restaurées, je vous laisse sur ces mots.
Considérez le monde aujourd'hui. N'y a-t-il rien qui inspire plus de pitié? Quelle folie! Quel aveuglement! Quels stupides dirigeants! Une masse pressée d'humains désemparés qui foncent les uns dans les autres, animés par une orgie de brutalité et de cupidité. Un jour mon ami, cette orgie passera. Alors la force brutale et la soif de pouvoir périra d'elle-même. Voilà la raison de ma présence et de la votre. Car quand ce jour viendra, le monde cherchera une nouvelle vie. Et nous espérons qu'il la trouvera ici. Nous les attendrons avec leurs livres, leur musique et une façon de vivre basée sur une règle simple: Soyez bons!

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mercredi 8 juin 2011

Frenzy

J'aborde aujourd'hui l'avant dernier film de mon réalisateur favori. Frenzy de Alfred Hitchcock. Ce film est disponible en DVD et bientôt en Blu-Ray je parie. Une excellente source d'information est, bien entendu, l'excellent documentaire du non-moins excellent Laurent Bouzereau: The story of 'Frenzy'.

Cependant, deux éléments de ce film sont perdus: une scène tournée et coupée mais qui, à ma connaissance, n'a jamais refait surface depuis la post-production du film, et la musique de Henry Mancini.

La scène coupée dont je parle est située après celle de l'hôtel avec Babs et Blaney. Robert Rusk. y chasse une femme effrayée à demie nue qui court hors de son appartement. Rusk rencontre un policier et va jusqu'à plaisanter avec lui sur le fait qu'il ne peut plus enlever sa cravate sans effrayer les femmes. Le script de la scène 52 peut se trouver sur le site de Steven DeRosa. Pour ceux que ça intéresse, je peux le traduire. Postez un commentaire.

Sur la photo de tournage qui subsiste, on peut voir l'actrice Margaret Nolan (qui n'apparait pas dans le montage final) poursuivie par Barry Foster dont la cravate est déjà dénouée alors qu'elle s'accroche à ses vêtements pour se couvrir.

Le choix de cette actrice semble indiquer que Hitchcock voulait sans doute un peu plus de glamour (les femmes du film ont un physique tout à fait ordinaire) et se garder la possibilité de dénuder l'actrice. En effet, il n'est pas difficile de trouver des photos "artistiques" de la jeune femme sur internet: elle était actrice mais aussi mannequin et avait l'habitude de montrer ses seins à la caméra, contrairement à Barbara Leigh-Hunt qui avait exigé une doublure pour le sein que l'on peut voir en gros plan et à Anna Massey qui, de son propre aveu, n'avait jamais été prévu pour la scène du sac de pomme de terre ou de l'hôtel.





Mais Margaret Nolan est plus connue pour un petit rôle dans le film Goldfinger: elle est la masseuse de Sean Connery. Masser n'est pas la seule faveur qu'elle a fait à James Bond. C'est elle que l'on peut admirer nue, peinte couleur or sur les posters et produits dérivés. En effet, si dans le film, c'est l'actrice Shirley Eaton qui joue le rôle de Jill Masterson, la victime dorée, c'est bien Margaret qui s'y colle pour la publicité et le générique.







J'en arrive à la musique. Le compositeur du film est Ron Goodwin. Mais tel n'a pas toujours été le cas. En effet, depuis la brouille avec son compositeur attitré Bernard Herrmann, Hitchcock avait changé de collaborateur pour chaque nouvelle production avec plus ou moins de succès. Pour ce film, la musique devait être composée par Henri Mancini dont vous connaissez forcément des œuvres comme The Pink Panther (La Panthère Rose), Charade, Diamants sur canapé, et même The Great Mouse Detective pour Disney (Basil Détective Privé)... Peut être avait-il été choisi au vue de son travail sur l'excellent thriller "à la Hitchcock" de Terence Young : Seule dans la nuit, où Audrey Hepburn joue le rôle d'une aveugle qui doit seule affronter des malfaiteurs qui se sont introduit chez elle.

Toujours est-il qu’apparemment, Mancini s'est plaint à posteriori de n'avoir pas bénéficié des mêmes avantages que son successeur: les indications du réalisateur. Celui-ci s'attendait à une musique grandiose pour le générique et le musicien lui a offert une musique intimiste et menaçante. Ni une, ni deux : remplacé. Mais la musique n'a pas seulement été composée. Elle a semble-t-il, au moins partiellement été enregistrée et surtout préservée. En effet, on peut entendre les premières notes du générique dans le documentaire de Laurent Bouzereau, ce qui implique que ce dernier a réussi à trouver les bandes originales.




J'ai comparé: il ne s'agit pas du même enregistrement que la ré-interprétation de Mancini qu'il a sorti sur son CD "Mancini in Surround". Peut être pouvons donc espérer une sortie de l'original un jour.




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lundi 6 juin 2011

Sodome et Gomorrhe

Sodome et Gomorrhe n'est pas totalement un film perdu à proprement parler. Mais la force divine qui s'est acharnée sur les deux citées semble s'opposer à une sortie officielle du métrage sur un support décent.
Et d'autres détails comme des coupes de censures et les aléas de la bande originale m'invitent à en parler.
Ceci dit, je l'avoue: j'ai une tendresse particulière pour ce film et c'est là ma motivation première.

Je me souviens l'avoir vu, étant enfant, chez ma grand-mère et le spectacle m'avait fasciné. Oui car malgré le titre, le film reste relativement prude. Dedans, les sodomites ne sont que les habitants de Sodome, le saphisme se résume à quelques regards insistants et tout cela peut très bien passer inaperçu pour un spectateur innocent (que j'étais à l'époque). Pas un bout de sein, pas un mot de travers, rien.

Cette coproduction italo-franco-américaine n'a pas rencontré un succès foudroyant malgré sa diffusion assez large. Elle souffrait de ses origines (les productions italiennes ont toujours eu un vieil air de "cheap" à mes yeux) à une époque où le genre du péplum commençait déjà à s'essouffler. Vous avez remarqué comme les figurants italiens, contrairement aux enthousiastes américains, ont toujours l'air d'attendre la fin de la scène pour aller toucher leur cachet ?

Alors me direz-vous : "Qu'est ce qu'il a de spécial ce film?"

En dehors de certains détails comme la participation de deux collaborateurs des futurs James Bond : Ken Adam pour les décors et Maurice Binder pour les génériques de début très stylisés, la présence à l'écran de Stewart Granger (Les contrebandiers de Moonfleet, Le prisonnier de Zenda,...), de la jolie Pier Angeli, ce film a 2 attraits principaux : Anouk Aimée et la musique de Miklós Rózsa.

Commençons par Anouk Aimée.
J'ai toujours aimé les rôles de belles femmes de pouvoir cruelles et impassibles. Elles me fascinent. La Reine de Blanche Neige, Ayesha dans "La source de feu", et la Reine de Sodome.
Celle-ci n'est à ma connaissance, jamais nommée dans le film mais est listé sur IMDB et d'autres sources comme la Reine "Bera".
Anouk Aimée, jamais aussi belle que dans ce film, parade d'un air détaché mais qui s'y frotte s'y pique. Elle détient le droit de vie ou de mort sur ceux qui l'entourent et utilisera les rivalités et intrigues de cour pour se débarrasser du seul qui peut légitimement lui résister : son frère, avec qui elle entretient un rapport très ambiguë. Mais son emprise sur lui et sa mise à mort finale ressemblent au jeu qu'un chat jouerait avec une souris: assez lent et pervers pour voir la victime souffrir et s'en délecter.

En bonne souveraine de Sodome et Gomorrhe, la Reine désigne par critère de beauté une esclave favorite dont elle exige de toute évidence une dévotion que le film ne peut expliciter plus avant. Mais les sous entendus abondent.

Elle ne pourra être vaincue à la fin que par la seule entité capable de rivaliser avec sa puissance : Dieu. Son destin tragique fait l'objet d'une scène qui m'avait beaucoup marqué étant petit : restée seule, abandonnée, sans un cri (sa favorite crie à sa place), elle affronte la mort face à face et avec elle s'écroule le symbole de son royaume.




Le personnage est fascinant, mais le talent de l'actrice (sans parler de sa beauté) sont vraiment ce qui m'ont fait adhérer au film. J'ai pu voir Anouk Aimée sur scène dans Love Letters, et dans un autre rôle anglophone que "Sodome" (où elle se double elle-même dans la version française) dans un téléfilm méconnu, "Des voix dans le jardin" où elle joue un rôle tragique d'une femme condamnée qui retrouve la joie de vivre ses derniers jours grâce à un couple d'adolescents.

A chaque fois, sa voix m'a envouté.

J'ai été très surpris de lire dans une interview par Boze Hadleigh du réalisateur George Cukor, d'ordinaire si consensuel, une déclaration selon laquelle travailler avec elle (dans Justine) aurait été une des plus mauvaises expériences de sa carrière. Selon lui, son attitude "insurmontable" était comparable à celle de Marilyn mais "sans les résultats". Je ne sais pas quels étaient leurs différends sur ce tournage, mais je dois bien dire que je ne suis pas d'accord avec cette dernière affirmation. Quelque soit l'attitude de l'actrice, les résultats sont là. Mais il faut avouer qu'Anouk Aimée n'a jamais eu la carrière américaine qu'elle était en droit d'attendre. Néanmoins, peut être est-ce par choix.
Revenons au film. En ce qui concerne la bande originale, il s'agit de la dernière composition de Rózsa (Quo Vadis, Jules César, Diane de Poitiers, Le Roi des Rois, Ben Hur,... ) pour ce type de films. Et quelle composition! Le thème des deux cités exprime toute leur décadence et leur puissance mêlées. Le collectionneur aura dû attendre longtemps avant de se procurer un enregistrement relativement satisfaisant.

Un double 33 tours offrait une large sélection de musique (sans offrir la totalité), mais à l'âge du numérique, on était en droit de s'attendre à mieux. Une sélection de 64 minutes était sorti en CD en 1990 mais avec un son mono et des coupes étranges en plein milieu des morceaux. En 2001, un autre CD, en stéréo cette fois ci, ne regroupait plus que 43 minutes de musique et n'offrait même pas le générique de début.


Il a fallu attendre 2007 pour que Digitmovies sorte un double CD qui reprend le contenu des 33 tours en ajoutant 6 morceaux non utilisés dans le montage final (5 prières hébreux et 1 danse). En 2015, un nouveau CD d'une nouvelle interprétation de la partition par le Philharmonique de Prague est sorti. Mais si ces disques offrent la sélection la plus complète à ce jour (et probablement représentent tout ce qui reste des bandes originales), il manque encore plusieurs morceaux et certains sont incomplets (le générique lui même est coupé au bout de 2 minutes 20 sur tous ces disques à un moment totalement inopportun).

Mais la bande son a eu un traitement royal comparé à celui du film lui même. Cherchez une sortie DVD (je ne parle même pas du Blu-Ray) en France, ce sera en vain. J'ai acheté il y a plus de 10 ans l'unique VHS américaine disponible (il en existe une française également). Bien évidemment, le film n'y était pas restauré, était présenté en 4:3, mais à l'exception des musiques d'Ouverture, de l'entracte et de la musique d'épilogue (toutes présentes sur le CD), le film était complet. Depuis, un DVD américain est sorti qui recycle malheureusement le même master, de fort mauvaise qualité, sans piste étrangère.


Car, dans sa version française (le film a été tourné en anglais), la scène de la torture initiale a été censurée et l'on a coupé les plans qui montrent les pointes sur le torse du bourreau, ce qui fait qu'on a l'impression que l'esclave meurt d'avoir eu un gros câlin.

Un DVD officiel est sorti en Allemagne avec une piste anglaise. Si le format de l'image a été adapté aux écran 16:9, il semble que plusieurs copies de qualité très variable ont été utilisées et la différence d'un plan à l'autre est parfois franchement dérangeante. Et cette fois les coupes se situent au niveau du générique de début : tout simplement charcuté maladroitement en plusieurs endroits (dont les premières secondes) avec les conséquences qu'on imagine sur l'écoute du morceau.

Des sorties plus ou moins légales mais invariablement décevantes sortent ailleurs dans le monde: en Asie, sur deux disques avec une coupure choisie de façon aléatoire (alors que le film a un entracte), et au brésil où le film est présenté en "letterbox" (bande noires en haut et en bas de l'image).

Si Dieu le veut (et surtout 20th Century Fox), un jour viendra peut être, Sodome Et Gomorrhe renaîtra de ses cendres dans une belle restauration ! Entendez la Reine vous appeler : "Restez! Je vous ordonne de rester !"


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Don Quichotte

Don Quichotte est le premier roman moderne. C'est aussi une source d'adaptation cinématographique prisée. Mais pour une multitude de projets, un nombre impressionant d'abandon. Walt Disney a développé un film inachevé dont il reste des croquis, Henri Fescourt a abandonné son projet pour tourner Mandrin.
Deux géants du cinéma s'y sont essayé et se sont également cassé les dents.
Tout d'abord, Orson Welles qui est, il faut l'avouer, le spécialiste des films modifiés, inachevés, etc. La splendeur des Amberson dont le montage a été refait par RKO, La soif du mal remonté et retourné partiellement aussi par Universal et qu'on essaie encore de recréer régulièrement au fur et à mesure des sorties DVD, Blu-ray, etc., la séquence des miroirs dans La dame de Shanghai avec une musique non approuvée, bref... On ne compte plus les frustrations d'Orson Welles quant à ses films, dues probablement en partie à sa personnalité et son attitude vis à vis des studios.


Dans son interview pour TCM, Charlton Heston parle de sa participation à La soif du mal et raconte qu'Orson Welles est parti à l'étranger avant de s'attaquer à la post-production alors qu'il n'avait dirigé le film que grâce à une suggestion d'Heston. Un comportement qu'Universal prit comme une insulte et qui explique en partie le sort du film. Si cette interview vous intéresse (il parle beaucoup de DeMille aussi), vous pouvez l'écouter sur podcast (Partie 1 - Partie 2).
Welles a commencé une entreprise assez singulière en 1955 : tourner sans script son Don Quichotte sur une période allant jusque dans les années 70 sans jamais arriver à un montage final, en tout cas aucun qui permette une sortie sur les écrans.
Après sa mort, Jess Franco utilise les 10 heures de rushes pour sortir le film en 1992 avec un doublage moderne.


Le projet de Welles était un projet en perpétuelle construction et portait en lui son destin. En revanche, en 2000, le projet du cinéaste Terry Gilliam, The Man Who Killed Don Quixotte, paraissait à priori être une production beaucoup plus solide.Et pourtant, elle a connu tant de péripéties qu'un film sur ses déboires Lost In La Mancha, a vu le jour en 2002.





Pour faire simple, la santé du génial acteur Jean Rochefort n'a pas permis de finir le film, même si de nombreuses autres raisons comme la météo ont miné le film.

Mais Terry Gilliam a décidé de retenter l'aventure : exit Jean Rochefort et Johnny Depp. Les rôles seraient repris par Robert Duvall et Ewan McGregor. Mais les soutiens financiers annoncés en mai 2010 se seraient désistés durant l'été. Nous lui souhaitons néanmoins bonne chance pour cette aventure.

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Marilyn à découvert

Un petit article aujourd'hui parce que j'aimerais bien avoir la chance de ce gars qui vient de trouver une pellicule non développée dans un marché aux puces. Enfin si, ça pourrait m'arriver mais dans mon cas, ce serait des photos du chien de tata mémèle ou de la communion du petit Gudrule... Non, lui pour 2 dollars, ils se retrouvent avec des photos inédites de Marilyn Monroe et de Jayne Mansfield (rien que ça) qui vont sans doute lui permettre de toucher une petite fortune rien qu'avec les droits des bouquins qui ne manqueront pas de sortir.
En tout cas, on est content que de tels clichés soient enfin visibles. Ah là là, qu'est ce qu'elle est belle, Marilyn.

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